COMMUNIQUE DE PRESSE :
Choix de Veolia comme gestionnaire de la Distribution de l'eau
Les élus de la Métropole
Européenne de Lille ont fait le choix de confier à Veolia la gestion du service
public de distribution d’eau de la majorité des communes de la MEL. Ce choix
n'étonnera personne: maintes fois reporté, le choix de la DSP devenait
inéluctable compte tenu des échéances (fin du contrat au 31/12/2015).
Il présente donc la
caractéristique du fait accompli, reposant sur un rapport à charge contre la
régie[1].
Ainsi donc, une régie publique coûterait plus cher et ses performances
techniques seraient moindres? Ces arguments sont démentis par les faits dans la
plupart des villes qui ont opté pour une régie publique de l'eau.
Par ailleurs, nous
rappelons que le contrat de DSP durera 8 ans, et que dans cette durée,
l'évolution de la tarification échappera à la volonté des élus et sera régie par
le contrat et ses avenants éventuels. Or, l'expérience passée a déjà montré à
quel point les avenants successifs pouvaient défigurer l'économie générale d'un
contrat.
Notre combat en faveur
d'une régie publique de l'eau n'a pas été vain. Il a contraint la multinationale
Veolia à s’aligner en diminuant de 14 % les tarifs par rapport à sa proposition
initiale. C’est la preuve que nous payions ce service trop cher
auparavant.
Cet « effort »
s'effectuera-t-il au détriment des ex-salariés SEN repris par Veolia ou de
l'actionnaire ? En effet, les garanties collectives de ces salariés ne sont
assurées que durant les 15 premiers mois de leur reprise. Que se passera-t-il
ensuite ?
Remarques
quant à la nouvelle tarification, partie distribution :
- En
premier lieu, la multinationale met de côté les pourcentages réservés à la
rémunération de ses actionnaires et au financement de son siège,
- ensuite
Mel et Veolia proposent une tarification spécifique dégressive pour les gros
consommateurs (industrie, agriculture, tertiaire...).
- enfin,
on redéploie au sein de l’enveloppe restante, pour distinguer les
différents usages de l'eau et financer la solidarité. Par conséquent, la
solidarité s'opère entre les seuls usagers, entre eux, sans que soient
sollicités les très gros consommateurs.[2]
Tarification
pour les usagers non domestiques :
En
renforçant la dégressivité pour les abonnés industriels, tertiaires et
agricoles, Mel n’encourage pas la sobriété, nécessaire à la préservation de la
ressource. On peut disserter sur la nécessité d'apporter des aides aux
entreprises ou pas, mais on peut surtout s'étonner que celles-ci puissent être
prélevées sur un bien vital, un bien commun de l'humanité, à préserver. Cette
tarification ne répond donc à aucun impératif écolo-social à l'heure où la
France va organiser la Cop 21.
La
réduction de l’abonnement pour les particuliers:
La
précédente tarification reposait sur un abonnement très important. En proposant
une baisse de l'abonnement de 30 à 5 euros, Iléo, le nouvel opérateur, démontre
qu'il est possible de faire basculer la part fixe dans la part variable, comme
nous le disions, même s'il ne le fait qu'en partie. Cette nouvelle tarification
temporise l'injustice que nous pointions du doigt et favorise une réelle
progressivité mais nous continuons à penser qu'il faut supprimer la part fixe
pour tous.
Tarification
pour les particuliers
Au sein
des usagers particuliers, il y a certes un transfert des gros
consommateurs vers les petits consommateurs mais il est à craindre que l'effet
en termes de prix soit est assez faible, car une grande partie des consommateurs
se payera la baisse des premiers m3 par les m3 suivants, puisqu'il n'y a aucun
apport extérieur.
Les
usagers bénéficiant de la CMU-C auront une baisse de 20% de la partie
distribution de leur facture. Les chèques Eau viendront en sus apporter des
aides ponctuelles. Mais nous ne pouvons que constater que nous restons dans un
système où l'usager doit démontrer régulièrement sa situation de précarité pour
obtenir une aide qui lui permet l'accès à l'eau. On en reste à une situation
stigmatisante qui véhicule toutes les notions d'assistanat tant décriées
aujourd'hui. La gratuité aurait permis l'accès de tous à l'eau dans la
dignité.
En
conclusion :
L’expérimentation
de la loi Brottes permet à Mel d’adapter la facture à la composition du foyer.
La réduction significative de l’abonnement, la progressivité du tarif avec une
baisse du prix des premiers litres sont des progrès partiels.
Nous
aurions espéré plus de courage politique de la part de Mel :
- il était
possible de créer une régie publique globale de l’eau, donner la gestion
de la distribution à Veolia coupe tout élan global,
- il était
possible d’innover davantage en allant jusqu’à la suppression de l’abonnement et
en mettant en place la gratuité des premiers m3,
Nous
resterons attentifs à la réalité des éléments que gérera Veolia: renouvellement
de sa partie du réseau et des compteurs et nous appelons Mel
à :
- un suivi
de la délégation, avec les citoyens,
- une
participation réelle des salariés, des usagers et des citoyens à la gestion de
l’eau, notamment par la création d’un Observatoire de l’eau.
Par ailleurs, nous
rappelons, pour Veolia, l'exigence éthique et politique, du refus d'un opérateur
de service public engagé dans la colonisation israélienne en Palestine,
contraire au droit international.
[1]
Pour
illustration, on peut comparer le nouveau tableau au précédent. Vu les
« arguments » utilisés, un retour en Régie publique ne sera jamais
possible !
[2]
Vu les
missions de services publics qui leur sont assignés, les gros consommateurs
publics tels que hôpitaux, piscines devraient être distingués des autres gros
consommateurs
privés qui peuvent déduire 60% de leur facture d'eau dans leurs impôts Il n'en
est rien
dans la proposition de tarification.
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